Résumé :
La connaissance médicale inuit ne réside pas que dans la maîtrise de remèdes et techniques nécessaires à soigner le corps malade. C’est peut être la conclusion essentielle de cet ouvrage. En fait, la maladie nous enseigne comment entretenir la vie en développant un corps résistant et un esprit solide. Car le corps et l’esprit sont complémentaires, et reliés à un environnement autant social, physique, qu’animal. C’est pourquoi le désordre biologique manifeste la détérioration de l’ordre social, qu’il faut donc s’efforcer de préserver. De ces entretiens, on apprend également que comme la maladie provient du dehors, il est nécessaire de la faire sortir du corps. Aussi, la guérison consiste en l’extraction de la maladie hors du corps, et la réhabilitation de la personne dans sa communauté.
Avec l’arrivée des blancs, les valeurs ont progressivement changé. Cet ouvrage nous apprend qu’aujourd’hui, les aînés s’accordent à dire que certaines croyances et valeurs traditionnelles ne sont plus nécessaires. Cependant, sans rejeter la médecine occidentale, ces aînés plaident pour un retour aux pratiques traditionnelles, essentielles à leur bien-être. En ce sens, la tradition est ici considérée comme une force susceptible de fournir des réponses et repères à la vie d’aujourd’hui. Enfin, ces entretiens soulignent le pouvoir de la parole, puisqu’il permet entre autre de renforcer l’esprit de l’enfant à sa naissance, d’aider une personne en détresse, ou d’avoir au contraire une influence négative. Il se manifeste également dans la prière et la confession, essentielle au processus de guérison.
Cet ouvrage, issus d’ateliers effectués en 1997 et 1998, se présente en deux parties; une première réalisée avec la collaboration d’aînés du Nord Baffin, et une seconde avec des aînés du Sud Baffin. La première partie présente les diagnostiques et traitements pour soigner le corps malade ainsi que les représentations culturelles et réponses aux liens existant entre état mental et désordres physiques. La seconde partie propose de discuter des matériaux utilisés pour la guérison et l’accouchement et des pratiques de guérison. Aussi on y explique l’importance de la pensée, des sentiments et des mots. Enfin cette seconde partie présente une exploration des connaissances concernant les plantes médicinales. On y trouve également un appendice évoquant le chamanisme, ainsi qu’une conclusion dédiée aux chansons.
Citation :
Akisu Joamie
« En fait, la santé est moins conçue comme une affaire personnelle, telle que nous la concevons dans les sociétés occidentales, qu’un ordre harmonieux qui intègre la personne au sein d’un environnement social, temporel, spirituel englobant. »