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campement de chasse ds les environs d'iqaluit

Désordres physiques et états d’esprit: représentations culturelles et réponses au Nord Baffin

Citation :
Tipuula Qaapik Atagutsiak
“Mon père(...) pouvait prédire ce que nous deviendrions comme adultes. Il pouvait dire si un garçon deviendrait un bon chasseur, selon la manière dont il bougeait. Les garçons trop lents à se lever le matin ne seraient jamais de bons chasseurs. Les animaux sortent tôt le matin. Une fois l’aube passée, l’animal n’attendrait pas la personne qui se lève tard. (Page 80)

“J’ai entendu qu’ils ( les poux) étaient très utiles lorsque certaines personnes avaient des infections de l’oeil, qui n’étaient pas causées par l’ophtalmie des neiges. La tête ou le corps d’un pou était ficelé à un cheveu, et déposé dans l’oeil qui s’infectait. Le pou marchait dans l’oeil. Après qu’on l’eut enlevé, les pattes du pou étaient couvertes de la substance infectée, qui libérait l’oeil. Une personne qui devenait aveugle pouvait voir de nouveau. » (Pages 114-115)
Présentation :
La naissance de l’enfant inuit donnait l’occasion d’évaluer ses prédispositions, sa personnalité, sa résistance ou encore sa future apparence physique. Les inuit considèrent que chaque enfant est potentiellement différent d’un autre. Pour cette raison, l’éducation ne doit pas nier la diversité des personnalités, mais favoriser leur épanouissement. De cette manière, l’enfant acquiert certaines valeurs, telles la confiance en soi, et la capacité d’être autonome. Autrefois, on enseignait aux enfants l’entraide à l’endroit des malades et démunis, ainsi que des valeurs essentielles telles que le respect et le partage. L’éducation traditionnelle inuit étaie fondée sur l’apprentissage par l’expérience. C’est la raison pour laquelle de nombreux inuit accusent l’école d’être souvent inadéquate à l’égard des jeunes enfants.
Dans le traitement de la maladie, toute extériorisation du mal hors du corps était considérée comme une forme de guérison. Il fallait que la maladie apparaisse ou que le mal soit exprimé verbalement. Aussi, la parole guérissait la dépression, et les pensées positives préservaient de la maladie. Mais lorsque la maladie semblait ne pas pouvoir en sortir et voyageait à l’intérieur du corps, on faisait appel à un chaman. S’il pouvait guérir, le chaman pouvait également prédire le futur d’un enfant, et lui donner force, protection et qualités. Le chaman pouvait agir sur la vie d’un individu, celle-ci étant située dans une bulle, siège de l’âme (tarniq) que lui seul pouvait voir. Également, le chaman s’aidait des esprits (tuurngait), pour mieux chasser les animaux ou atteindre les humains. Les inuit accordaient une large place à de nombreuses croyances, telles l’usage des amulettes, certains signes annonciateurs d’évènements, ou encore aux messages véhiculés par les rêves.

La connaissance inuit du corps humain permettait d’évaluer les parties du corps à traiter lors d’une maladie ou d’un accident (mal de tête, déplacement d’un membre, gangrène, hypothermie...), et de donner les soins et techniques appropriés.

Aujourd’hui, face au transfert fréquent des malades vers les grands centres hospitaliers du Sud, certains inuit songent à la création de comités qui décideraient selon la gravité des maladies, de la nécessité de tels déplacements. Ceci permettraient peut être aux inuit de retrouver l’usage de ce savoir médical traditionnel.