Résumé :
Dans L’éducation des enfants, deux aînées de la partie sud de la Terre de Baffin, Naqi Ekho et Uqsuralik Ottokie, décrivent les pratiques inuit traditionnelles d’éducation des enfants. Bien que ces pratiques se soient transformées rapidement depuis la sédentarisation (garderie, maternelle, école, etc.), certains usages provenant de la tradition ancestrale, comme le port de l’amauti par exemple, sont toujours de mise aujourd’hui.
Réalisé sous la direction de Jean Briggs, professeure émérite de l’Université Memorial, le livre présente la transcription d’entrevues réalisées par des étudiantes inscrites en 1ière et en 2ième année du programme d’études linguistiques et culturelles du Collège de l’Arctique du Nunavut. Les entrevues réalisées par les étudiantes couvrent un éventail varié de sujets concernant l’éducation des enfants, tels que les grossesses, les naissances, la petite enfance, les émotions enfantines, et le jeu.
Déjà en introduction, le ton du livre est donné. « Les enfants recevaient une éducation pratique et ils apprenaient de leurs aînés. » (Page 3) Les commentaires recueillis ne se veulent pas une critique du système d’éducation d’aujourd’hui, mais plutôt une réminiscence du passé.
Vivant jadis dans une société où chacun avait un rôle essentiel à jouer dans le groupe, les aînées interviewées sont désormais plongées dans une société beaucoup plus individualiste.
Chaque société vit à travers ses enfants. Les enfants doivent devenir des adultes responsables, pouvant prendre soin d’eux-mêmes comme de leurs proches. Dans cet ouvrage, deux aînées du sud de la Terre de Baffin, Naqi Ekho et Uqsuralik Ottokie, qui démontrent une grande sagesse à se remémorer le passé, décrivent les pratiques inuit d’éducation des enfants. Ces pratiques évoluent rapidement dans les communautés du Nunavut d’aujourd’hui. Les garderies, la maternelle et les écoles primaires font maintenant partie intégrante de la vie quotidienne. Cependant, on peut encore observer plusieurs traits relevant de l’éducation traditionnelle. La plupart des jeunes femmes inuit portent encore leur bébé dans l’amauti, lui procurant ainsi une sécurité émotive et physique qu’aucune poussette ne saurait donner. Plusieurs des étudiantes ayant réalisé les entrevues étaient elles-mêmes parents et elles essayaient de concilier les valeurs éducatives traditionnelles avec les exigences de la société moderne.
Citation :
Uqsuralik Ottokie
Quand je vous raconte mes histoires sur la vie d’autrefois, je ne veux pas dire que nous étions meilleurs que vous l’êtes aujourd’hui. Je ne veux pas dire que notre mode de vie était meilleur que le vôtre. À plusieurs égards, il n’était pas aussi bon. Mais je peux certainement dire qu’on nous enseignait à mener une très bonne vie, fondée sur des bases culturelles solides. C’est là le genre de chose dont je n’hésite pas à discuter avec les personnes intéressées aux questions sociales ou avec les membres des comités de justice. Des gens comparaissent devant nous et, au lieu de les juger, je préfère leur rappeler que s’ils avaient été élevés comme nous l’avons été, ils n’auraient pas de problèmes avec la justice. Ils posséderaient de bons principes moraux, ainsi que de bonnes valeurs et croyances.
...Vous voulez aider les autres à mener une vie meilleure. Parfois, vous pensez que leurs problèmes sont dus au fait qu’ils ne partagent pas ces valeurs et ces croyances. Cela m’a fait extrêmement plaisir quand on m’a demandé de venir vous parler. Je ne dis pas que ma vie a été meilleure que la vôtre, mais je veux vraiment vous faire comprendre l’importance d’avoir des rapports de parenté solides et de respecter les règles. (Page 2-3)