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Un vent de changement

Résumé :
Dans la deuxième collection de livres d’histoire orale publiée par le Collège arctique du Nunavut, Perspectives Inuit du 20è siècle, les aînés inuit considèrent les changements qui ont transformé d’une manière drastique leur mode de vie ancestral et ce depuis l’établissement des missions anglicanes et catholiques dans le Nord. Quatre livres ont été publiés dans cette série, émanant d’entrevues qui ont eu lieu durant les cours du programme Langue et culture, lors desquels les étudiants ont une fois de plus posé des questions aux aînés qui les visitaient : La transition au christianisme, Voyager et survivre sur la toundra, Les rêves et l’ interprétation des rêves et Inuit Qaujimajatuqangit: Le chamanisme et la réintégration des délinquants dans la communauté.

Bien que chacun de ces ouvrages se penche sur le savoir traditionnel avant l’influence des missionnaires, à l’époque où le chaman avait encore un rôle essentiel dans la bonne santé du corps et de l’âme de ses proches, l’approche de cette collection diffère de la première: ici, on s’intéresse aux coutumes ancestrales pour mieux comprendre les défis actuels.
Citation :
Rachel Uyarasuq
C’est quand les gens ont voulu se tourner vers le christianisme. Quand ils ont décidé qu’ils iraient siqqitiqer, ils sont allés jusqu’au brise-vent. Il faisait beau dehors. C’était le printemps et le soleil brillait. Ils ont apporté un phoque devant le brise-vent. Ils l’ont ouvert et ont retiré les intestins, le foie, le cœur, les yeux et la langue et les ont découpés en petits morceaux. Ils n’avaient pas d’assiettes à cette époque-là, et ils ont donc placé les morceaux sur le phoque. Ils les ont découpés en morceaux minuscules, qu’ils ont mélangés. À la fin, les gens se sont alignés et on leur a donné un morceau de viande à se mettre dans la bouche. On a demandé aux gens pourquoi ils voulaient accomplir cette cérémonie. Chacun a répondu : « Nous faisons cette cérémonie parce que nous voulons devenir chrétiens. » Ma mère m’a dit de dire, si on me le demandait : « Je veux être avec Jésus. » Quand celui qui donnait la viande est venu à moi, il m’a donné un œil et un morceau d’intestin. C’était coupé assez petit pour pouvoir mastiquer. On m’a demandé pourquoi je voulais devenir chrétienne. J’étais seulement une enfant. J’étais assez vieille pour parler et j’ai répondu, comme ma mère me l’avait demandé : « Parce que je veux aller vers Jésus quand je mourrai. » Chacun d’entre nous a reçu un morceau de viande. Nous faisions ça parce que toutes ces parties du phoque, le cœur et l’intestin, faisaient toutes partie du pittailiniq, les tabous. Il ne fallait plus les observer. Il n’y aurait plus de partie du phoque que les gens devraient s’abstenir de manger. Ce n’était pas seulement le cas du phoque, mais de tous les autres animaux aussi. On ne s’abstiendrait plus de manger quelque partie que ce soit de quelque animal que ce soit. C’est pourquoi on nous a donné de petits morceaux de tout.
Transition vers le christianisme, chapitre 4.